
Un saint exemplaire
La première représentation connue de saint Sébastien remonte à une mosaïque byzantine réalisée entre 527 et 565 dans la basilique Sant’Appolinare Nuovo de Ravenne. Il est représenté en toge blanche aux cotés de vingt-cinq autres saints. Il est montré comme un homme d’âge mûr portant la barbe et tient une couronne de laurier symbolisant sa victoire sur le martyre. Néanmoins on ne trouve pas d’éléments permettant de clairement l’identifier parmi les autres saints car rien sur sa représentation ne nous rappelle le déroulement de son martyre.
ANONYME, Saint Sébastien, 527-565, mosaïque, basilique Sant'Appolinare Nuovo, Ravenne, https://medievalmilanetc.wordpress.com/tag/ravenna/ (consulté le 13 avril 2020)
De même sur la mosaïque de l’église Saint-Pierre-aux-Liens de Rome de 682 il est représenté en tunique recouverte d’une armure dorée, il porte de nouveau la barbe et tient cette fois une couronne gemmée. L’inscription autour de lui « sanctus Sebastianus » nous permet de le reconnaitre malgré le fait qu’il ne soit pas individualisé. Ainsi durant la majeure partie du Moyen-Age saint Sébastien est représenté sous les traits d’un homme dans la force de l’âge ou bien plus âgé avec une barbe grisonnante. Il est le plus souvent vêtu comme un soldat romain ou bien en toge ce qui montre que les fresques et peintures de l’époque s’appuyaient sur la légende de saint Sébastien comme soldat de l’empire.
ANONYME, Saint Sébastien, 682, mosaïque, église Saint-Pierre-aux-Liens, Rome, https://saintsebastien.wordpress.com/2012/03/12/saint-sebastien-son-histoire-ses-differentes-representations/ (consulté le 13 avril 2020)
Dans la fresque de l’abside de l’église San Giorgio in Velabro à Rome probablement peinte par Pietro Cavallini, du XIIIème siècle saint Sébastien est montré comme un soldat, il porte une cuirasse, une épée, un bouclier et un pilum (javelot romain).
Pietro CAVALLINI, Jésus entre les saints Georges, Marie, Pierre et Sébastien, XIIIe siècle, fresque, abside de l'église San Giorgio in Velabro, Rome, © rome-roma.net 2013, https://www.rome-roma.net/san-giorgio-in-velabro/ (consulté le 13 avril 2020)
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En réalité l’iconographie la plus répandue aujourd’hui montrant le saint entouré d’archers et le corps transpercé de flèches ne commence à se développer qu’au début du XIème siècle et est grandement accentué par les épisodes de peste comme nous allons le voir.
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Au début du Moyen-Age, ce sont avant tout les qualités morales du saint qui sont louées, en effet il fait office de véritable exemple grâce à son attitude face au martyre. Les textes liturgiques le plus souvent prononcés le 20 janvier lors de sa fête, le glorifient alors comme le « soldat caché » du Christ car il a combattu un empereur et a « obtenu la victoire après des batailles glorieuses ».
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On célèbre son courage, sa force de caractère, il est un héros capable de se sacrifier pour sa foi.
Par ailleurs les notices de martyrologes qui l’évoquent ne se concentrent pas plus sur le martyre de la sagittation que sur les coups auxquels il succombe plus tard selon la légende. La sagittation est mise en avant dans les récits comme démonstration de la puissance de la foi étant donné que le saint survit malgré les flèches, quant à la bastonnade qui finit par tuer saint Sébastien permet d’enchainer avec la découverte de sa sépulture et de son corps. Ainsi dans la majorité des ouvrages sans iconographies du XII et XIII ème siècle « le supplice ne constitue pas l’emblème de tel ou tel saint. […] la représentation ne privilégie pas les flèches de Sébastien ni le gril de Laurent : on les trouve ailleurs et le martyre des deux saints de s’y réduit pas »(Ressouni-Demigneux Karim, 2002, p.561)
Néanmoins dans les Vies de saints illustrées à l’époque médiévale la sagittation va prendre de plus en plus d’importance. En effet, chaque vie de saint n’est en général illustrée que par une seule miniature, celle-ci doit donc être frappante et très évocatrice pour permettre de reconnaitre le saint au premier coup d’œil. Les religieux font alors le choix de mettre la sagitattion en avant car elle symbolise véritablement le sacrifice du saint se mettant délibérément devant les flèches et également la puissance divine qui a permis de l’épargner :
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« Le saint n’est abattu par aucune douleur/ puisqu’il est armé des vertus divines : / déjà convalescent, muni de sa vertu/ il va très humblement à la rencontre de son persécuteur/ exposant la façon de croire des Chrétiens. »(Ressouni-Demigneux Karim, 2002, p.563)
Par ailleurs au Moyen-Age les flèches ont également un sens plus métaphorique.
Dans un sermon rédigé par un clerc italien pour l’anniversaire de saint Sébastien à la fin du XIII ou au début du XIVème siècle, quatre sortes de flèches qui percent quotidiennement toute l’humanité sont énumérées.
Il y a d’abord les flèches envoyées par les démons (par le bas), par les proches (de l’extérieur), les flèches envoyées par nous-mêmes (de l’intérieur) et les flèches envoyées par Dieu (par le haut). Ainsi Sébastien est un exemple car il a été la cible de toutes ses flèches mais a pourtant résisté à la douleur.
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SOURCES :
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Liepa, Valentina, « The image of Saint Sebastian in art », Acta humanitarica universitatis Saulensis, Vol.8, 2009, p. 455-462, [En ligne] http://su.lt/bylos/mokslo_leidiniai/acta/2009_8/liepa.pdf (24 mars 2020)
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Ressouni-Demigneux, Karim, « La personnalité de saint Sébastien : exploration du fonds euchologique médiéval et renaissant, du IVe au XVIe siècle », Mélanges de l'école française de Rome, Vol. 114, n°1, 2002, p. 557-579, [En ligne] https://www.persee.fr/doc/mefr_1123-9883_2002_num_114_1_9205 (24 mars 2020)
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Wikipédia contributeurs, « Sébastien (martyr) », Wikipédia, l'encyclopédie libre, Mis à jour le 16 mars 2020, [En ligne] https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=S%C3%A9bastien_(martyr)&oldid=168482321 (24 mars 2020)