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Une icône homoérotique

Nous   avons vu qu’à la Renaissance la représentation la plus répendue de saint Sébastien implique de le montrer presque nu, sous les traits d’un beau jeune homme transpersé de flèches et dont le regard se fixe sur le ciel dans une pose que l’on pourrait qualifier de lascive. Ce sont donc ses peintures de la Renaissance teintées d’érotisme qui ont servi de source d’inspirations pour de nombreux artistes depuis la fin du XIX ème siècle. 

 

On trouve donc dans les représentations contemporaines du saint une mise en avant de thèmes tels que la sexualité, la sensualité et même l’homosexualité. En effet comme l’explique l’expert en sexologie Igor Kon : « There is even an opinion that this saint has been homosexual. St. Sebastians has attracted the attention of sexual minority groups and there has been evidence to this »(Liepa Valentina, 2009, p. 460)(Il y a même une opinion selon laquelle ce saint

était homosexuel. Saint Sébastien a attiré l'attention de groupes de

monorités sexuelles et il y a eu des preuves à cela [traduction libre]).

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L’imagerie du saint à la Renaissance peut de fait être vue comme véritablement homo-érotique : les bras du saint sont le plus souvent attachés derrière son dos ou même levés au-dessus de sa tête, rendant alors le corps du saint comme offert et vulnérable.

Son visage a également des traits doux et féminins ce qui a probablement encouragé le peintre Salvador Dali à le représenter en hermaphordite dans son tableau Saint Sebastian de 1977

 

De plus comme le remarque Igor Kon « some artist often make the composition so that the viewer should regard the painting from beneath. Therefore the first thing that hits one’s eye is the martyr’s genitals. But they are covered by cloth. This became an object of homoerotic imagination. Someone imagines himself as St. Sebastian, while someone else – as his torturers »(Liepa Valentina, 2009, p. 460) (certains artistes font souvent leur composition de telle sorte que le spectateur doit regarder la peinture d'en-dessous. Par conséquent la première chose qui frappe ses yeux sont les organes génitaux du martyr. Mais ils sont couverts par son vêtement. Cela devient un objet d'imagination homoérotique. Certains s'imaginent eux-mêmes comme St. Sébastien, pendant que d'autres s'imaginent comme ses tortionnaires [traduction libre]).

 

C’est en effet ce que l’on peut observer dans le Saint Sébastien de Signorelli qui a été surélevé. Par ailleurs les flèches qui le transpercent peuvent également avoir un sens érotique car certains y ont vu là un symbole phallique mais également un sens amoureux de par la légende des flèches tirées par Cupidon capables de faire tomber amoureux très présentes dans l’iconographie de la Renaissance.

Cela a donc contribué à faire de ce saint une véritable icône homosexuelle. Il faut aussi  sans doute y voir là une volonté de transgression de la part des artistes contemporains que nous alons voir, en reprenant un modèle de l’iconographie chrétienne pour le détourner de cette manière ils marquent une rupture avec la tradition. L’aspect presque politique dans le fait de faire d’un saint le porte étendard de l’homosexualité, compte tenu des réticences de l’Eglise vis-à-vis de celle-ci, est également à prendre en compte. On retrouve la figure de saint Sébastien à de nombreuses reprises dans la littérature à partir du XIX.

 

En effet de nombreux écrivains homosexuels s’en inspirent et l’intègre à leurs œuvres. Par exemple, le poète et écrivain américain T. S. Eliot après avoir vu des œuvres  de saint Sébastien peintes par Mantegna, Antonello da Messina ou encore Hans Memling a écrit un poème en 1914 qui n’a pas été publié, intitulé The Love Song of St. Sebastian.

 

Dans ce poème il traite de sadomasochisme avec une association  du  plaisir et de la souffrance « torture and delight » et évoque une nuit qu’il passe dans le lit avec ce qui on suppose être saint Sébastien : « And when the morning came between your breasts should lie my head. »

 

De même Oscar Wilde dans The Grave of Keats de 1881 parle d’un poète noyé «  Taken from life when life and lover were new/ The youngest of the martyrs here is lain/ Fair as Sebastian, and as early slain ».  

SOURCES:

COTTIN Jérôme, « La Figure du saint habillé par l’art contemporain : une approche théologique esthétique », Transversalités, 2008, n°108, pages 159 à 170, Mise en ligne le 22 janvier 2013, URL : https://www.cairn.info/revue-transversalites-2008-4-page-159.htm?contenu=resume (15 avril 2020)

Liepa, Valentina, « The image of Saint Sebastian in art », Acta humanitarica universitatis Saulensis, Vol.8, 2009, p. 455-462, [En ligne] http://su.lt/bylos/mokslo_leidiniai/acta/2009_8/liepa.pdf  (24 mars 2020)   

 

Wikipédia contributeurs, « Sébastien (martyr) »,  Wikipédia, L'encyclopédie libre, Mis à jour le  16 mars 2020, [En ligne] https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=S%C3%A9bastien_(martyr)&oldid=168482321  (24 mars 2020)

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