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À la Renaissance... quand le religieux se met au nu

Le début de la Renaissance (XIVe siècle) est marqué par différentes crises de peste qui frappa l'Europe. À la fin de ce siècle, les chrétiens vont se tourner vers saint Sébastien pensant échapper de cette manière à ces épidémies. Dès 1400, le saint devient extrêmement présent dans le paysage religieux. Dans les arts, l'iconographie a dans un premier temps mise en avant les plaies du saint causées par les flèches mais à la Renaissance, c'est plutôt le canon de beauté à l'antique qui va être mis en avant. Les flèches vont être laissées mais sans le sang des plaies. Elles sont plus là comme attribut permettant d'identifier le saint que pour montrer la torture donc il a été la victime.

 

Cette oeuvre du Pérugin datant de la fin du XVe siècle, début XVIe, montre cette nouvelle iconographie. Sébastien est plus jeune que dans les représentations du Moyen-âge. Le saint sera désormais le plus souvent attaché à une colonne ou à un arbre. Il est à moitié nu afin de mettre en avant dans un même temps son corps sculpté et les fameuses flèches. Représenter les corps nus est assez récurant à la Renaissance car elle permet de montrer les connaissances anatomiques et musculaires du peintre. En revanche, il est plus rare de retrouver le nu dans la peinture religieuse, souvent réservé à Adam et Eve ou au Christ. C'est à partir de là que va commencer à apparaître une iconographie teintée d'érotisme. 

Le Pérugin, Saint Sébastien, 1490-1500, huile sur bois, 176x116 cm, Paris, Musée du Louvre

Le XVIe siècle sera le siècle le plus fertile pour l'iconographie du saint. Encore plus jeune, il devient un réel canon de beauté à l'antique. Sa figure sera partout : peinture, sculpture, gravure, broderie, la poésie, etc. De même, la poésie et les prières s'apparentent à des ekphrasis, des descriptions physiques du saint, qui inspirent les arts visuels. On retrouve dans les représentation de saint Sébastien tous les procédés prisés de la Renaissance comme le contrapposto : ce petit déhanchement qui déséquilibre la figure et crée du mouvement. Le regard du saint et le plus souvent tourné vers le ciel. Dans cette oeuvre du Sodome, les traits doux du saint ainsi que sa chevelure bouclée blonde n'est pas sans faire écho à l'angelot au dessus de sa tête Le contrapposto est accentué par le corps penché en avant et la tête relevé vers le ciel ce qui rend la courbe serpentine du corps plutôt marquée. On pourrait voir une certaine contradiction entre le visage angélique du saint tourné vers le cieux et son corps qui par sa posture et sa musculature appelle à la sensualité. D'ailleurs cette sensualité ne sera pas au goût de tout le monde. Par exemple, des frères de Florence, après l'exposition du saint Sébastien de Fra Bartolomeo dans une église, on remarquait lors des confessions que plusieurs femmes rêver du saint ce qui est péché. 

St_Sébastien_-_Le_Sodoma.jpg

Le Sodome, Saint Sébastien, 1525, huile sur toile, 206x154 cm, Florence, Galerie des Offices

Les représentations du saint jouent sur la frontière entre art sacré et art profane. La violence, la douleur et le martyre passent au second plan après la sensualité du corps. 

Au XVIIe siècle, l'iconographie n'a pas changé. Saint Sébastien est toujours à moitié nu, criblé de flèches et attaché à un arbre ou une colonne. Certains oeuvres s'éloignent tout de même du modèle habituel et c'est le cas du Saint Sébastien soigné par sainte Irène de Georges de la Tour. Ici, le martyr n'est plus ligoté à un tronc ou une colonne mais allongé au sol entouré de trois femmes. Cette représentation n'est pas sans rappeler les saintes femmes autour du corps du Christ. De la Tour montre un saint plus faible mais aussi et surtout plus humain. Par ailleurs, on reconnaît dans cette oeuvre une influence caravagesque avec un clair/obscure donc la source de lumière provient des bougies dans la main de la femme agenouillée près du saint. 

Georges de la Tour, Saint Sébastien soigné par sainte Irène, 1649, huile sur toile, 167x130 cm, Paris, Musée du Louvre

Sources :

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© 2020 par Chloé Larue et Jade Delamer. Créé avec Wix.com

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